Oui, il est utile d’envisager une consultation de génétique lorsque l’on est porteur d’un syndrome de Pierre Robin et que l’on a un projet parental, afin de préciser quel est le risque de transmission et quelle peut être l’expressivité, c’est-à-dire les manifestations de la pathologie : les progrès de la génétique sont constants et l’absence de diagnostic génétique il y a 5 ans, 10 ans, 20 ans, ne signifie pas qu’il n’y a pas de cause génétique au SPR. De plus beaucoup d’enfants sont bien suivis pendant l’enfance, mais il y a fréquemment une lassitude chez les adolescents et les jeunes adultes avec un relâchement dans le suivi. Donc beaucoup de jeunes adultes, même si un diagnostic a été posé chez eux dans l’enfance, n’ont pas connaissance du conseil génétique, de la possibilité d’envisager une procédure de diagnostic prénatal ou pré-implantatoire en cas de pathologie potentiellement grave, et parfois de la prise en charge de leur pathologie à l’âge adulte.
Cela signifie que l’on a identifié une mutation « apparue » lors de la « fabrication » de l’enfant atteint, absente chez ses 2 parents. Il s’agit d’un mécanisme très fréquemment impliqué dans les maladies génétiques, autosomiques dominantes, qui ne sont alors pas héritées d’un ou des 2 parents : l’enfant est le premier « cas » de la famille à présenter la maladie. Dans cette situation, l’enfant aura un risque de 50% de transmettre la pathologie, mais ses parents auront un risque faible de donner naissance à un second enfant atteint. Ce risque est faible mais néanmoins supérieur à celui de la population générale, car il existe des cas, rares, de « mosaïque germinale », où l’un des parents porte la mutation dans plusieurs gamètes (spermatozoïdes ou ovules) mais pas dans les autres cellules de son corps.
Si l’on parle du cas où l’enfant qui a un SPR porte une mutation de novo, dans le cadre d’une pathologie autosomique dominante, oui, il a alors un risque de 50% de transmettre la mutation à ses enfants, quel que soit leur sexe. En revanche, il existe souvent une expressivité variable chez les personnes porteuses de telles mutations, avec certaines d’entre elles qui n’auront pas systématiquement un syndrome de Pierre Robin, mais parfois juste de petits signes comme un retrognatisme.
Cela dépend des antécédents familiaux, de l’histoire et de l’examen clinique du patient. Le plus souvent, un examen chromosomique détaillé, non ciblé, est proposé en première intention (CGH-array, puces à ADN, ACPA), plus rarement c’est un examen chromosomique ciblé qui sera prescrit, par exemple en cas de suspicion de syndrome de microdélétion 22q11. Cet examen sera complété en cas de négativité par un examen des gènes, soit orienté si l’on pense à un diagnostic précis (séquençage d’un seul gène, de plus en plus rare, analyse d’un panel de gènes, le plus souvent), soit non ciblé (analyse de l’exome, c’est-à-dire analyse de l’ensemble des séquences codantes des gènes ; analyse du génome entier, c’est-à-dire analyse de l’ensemble de la séquence de l’ADN).
Parfois, si le médecin a d’emblée une orientation vers un diagnostic lié plus fréquemment à une mutation dans un gène qu’à une anomalie chromosomique, il commencera par l’analyse génique. Enfin, dans certains cas, quand il existe une « urgence » diagnostique, nous pouvons être amenés à effectuer plusieurs types d’analyses en parallèle (chromosomique et génique).
La plupart du temps, les tests génétiques nécessitent que nous effectuions un prélèvement sanguin de l’enfant, parfois également d’emblée de ses parents (analyse en panel, exome, génome). C’est un petit peu douloureux mais il existe des mesures pour atténuer la douleur : visionner une vidéo, utilisation du gaz MEOPA, utilisation de patchs d’Emla (mais qui rendent parfois plus difficiles le prélèvement). De manière exceptionnelle, il est nécessaire de proposer des examens plus compliqués, comme une biopsie de peau, qui est alors anesthésiée avec de l’Emla, le prélèvement n’est alors pas douloureux.
Il existe de très nombreuses causes de séquence de Pierre Robin, isolée ou associée à d’autres symptômes, toutes ne sont pas génétiques : par exemple certains agents tératogènes peuvent être impliqués. Dans les causes génétiques, il existe de nombreuses causes chromosomiques, et plusieurs dizaines de causes géniques. La plupart de ces pathologies sont autosomiques dominantes, c’est-à-dire que l’on est susceptible de présenter des symptômes dès qu’une des 2 copies d’un gène, ou d’un chromosome, présente une mutation, alors que l’autre copie est normale. Dans certains cas la mutation est héritée d’un parent qui avait lui-même un SPR ou n’exprimait que peu de symptômes et non un SPR complet. Dans d’autres cas, la mutation est survenue de novo chez l’enfant.
Certaines pathologies sont autosomiques récessives, c’est-à-dire qu’un patient atteint présente nécessairement une mutation sur les 2 copies d’un même gène, et habituellement chacun de ses parents porte une copie saine et une copie avec une mutation ; le couple a alors un risque sur 4 de donner naissance à un enfant atteint, quel que soit son sexe.
D’autres, sont liées à des mutations sur des gènes portés par le chromosome X, et vont toucher quasi-exclusivement les garçons.
Dans un certain nombre de cas, l’on ne parvient pas à identifier une cause monogénique, c’est-à-dire liée à une ou des mutations dans un seul gène, mais cela ne signifie pas qu’il n’y ait pas de cause génétique : cela peut être lié aux limites de nos techniques et connaissances actuelles, mais également au fait qu’il existe des cas où ce sont plusieurs petites anomalies touchant plusieurs gènes différents (causes polygéniques), trop difficiles à identifier, qui sont en cause. Il est donc toujours utile de refaire le point régulièrement avec le généticien, même lorsqu’il n’y a pas de diagnostic génétique posé.